LES LOISIRS

Chaque Pompéien tente, à la mesure de ses moyens, de ménager un temps pour jouir de l'otium, un loisir qui n'est pas de l'oisiveté, mais qui s'oppose au negocium, les affaires.
Le sport, activité naturelle des citoyens, développe leur force et leur habileté Pour tout Pompéien, la grande palestre, ou terrain de sports, est le prolongement de l'école.
La palestre est un vaste campus aux fonctions multiples, à la fois lieu d'enseignement, but de promenade, cour de caserne, marché d'esclaves et champ clos pour les combats de coqs.
Qui vient s'exercer à la grande palestre ? Des amateurs qui lancent le disque, pratiquent le saut, les haltères à la main ou la lutte. Certains exercices ont un caractère plus militaire : course en armes, défilé équestre. Ainsi la jeunesse se prépare physiquement et moralement à son futur rôle civique. Les fils de la bourgeoisie municipale sont groupés en une société hippique et en une société de préparation militaire, ce qui renforce la hiérarchie sociale.


Un bassin aux thermes

Après le sport, les bains maintiennent l'hygiène de tous, jeunes et vieillards.
L'importance des termes se mesure à leur nombre et à leur localisation aux endroits les plus fréquentés et les plus accessibles. Un personnel nombreux veille au bien-être des clients. Des aides baigneurs aident les impotents à gravir les marches des baignoires ou à descendre dans la piscine froide ; d'autres douchent ceux qui n'ont pas le droit de se baigner. Après le bain, c'est au tour des épilateurs, des parfumeurs, des masseurs. Ces moments de détente font partie des délices de la vie à Pompéi. Il existe même des bains à l'eau de mer, réservés aux privilégiés.

Amateurs de spectacles, les pompéiens ont le choix entre le théâtre, l'Odéon ou l'amphithéâtre.
Les gradins accueillent vingt mille spectateurs, suivant une hiérarchie sociale stricte, les notables prenant place en bas. Toute la société se retrouve pour acclamer les héros de l'arène. Les gladiateurs sont en général des professionnels ayant appris les techniques du combat dans des écoles spécialisées. Les impresarios les achètent fort cher. Leur popularité est extraordinaire. On les acclame sur les murs, on célèbre leurs exploits amoureux. Le combat des gladiateurs n'est pas le seul spectacle de l'arène. D'autres duels s'y déroulent ; la venatio, combat de l'homme contre des fauves, ou de bêtes sauvages contre des bêtes domestiques, ou de lions contre gazelles, constituent habituellement la seconde partie du spectacle. Tout en exaltant la cruauté et le goût pour le sang, ces spectacles montrent aussi le courage des combattants dans leur lutte contre les animaux féroces. Il s'agit d'une vraie culture populaire, qui pratique le mélange des genres, essentiellement celui de la comédie et de la tragédie.

L'amphithéâtre, au fond, la grande palestre

  Le Pompéien aime le pathos et la rhétorique, le lyrisme et la violence des pièces de Sénèque, poète tragique, mais il préfère encore les comédies de mœurs qui sont un miroir de la vie quotidienne que mène la riche bourgeoisie, où les esclaves , les affranchis jouent un rôle de plus en plus important.
Le peuple fait un triomphe aux farces qui mettent en scène, en les caricaturant, les professions les plus diverses : la charbonnière, le diseur de bonne aventure, le peintre, le potier... Tous sont la cible des auteurs comiques.
L'Odéon (petit theâtre) est resté à l'écart de cette évolution vers un goût populaire; seuls les initiés vont y applaudir le poète à la mode, couronné et masqué qui y déclame ses dernières pièces en vers. A part cette exception, les revues montées au grand théâtre sont du même niveau que les spectacles donnés dans l'amphithéâtre. La culture savante semble bien n'être qu'exercice d'école ou délectation de notables lettrés dans le secret de leurs riches bibliothèques.
Les couches populaires ont besoin de spectacles légers, de grosse farces où l'on rit à gorge déployée, ou des jeux sanglants de l'arène qui exitent, tout en les apaisant, les instincts de violence de chacun.

L'amphithéâtre


La palestre