La sexualité.
Antiquité gréco-romaine. Peu de gens se rendent compte aujourd’hui
qu’à l’origine de ce qui a été jusqu’à hier un des fondements de notre art,
le nu, il y eut une disposition psychologique particulière des Grecs. Le culte
de la nudité absolue était pour les Grecs une conséquence de leur idée de la
perfection humaine ; il revêtait donc un aspect éthique, et non seulement physique
; conscients de ce qui était implicite dans la beauté physique, ils évitèrent
la sensualité et l’esthétisme. Cette union du physique et du psychique leur
permit de donner forme humaine à des idées abstraites : statues de divinités
qui ont littéralement hanté l’imagination occidentale pendant des siècles, revêtant
tour à tour de nouveaux contenus éthiques, chrétiens ou héroïques, jusqu’au
moment où – pendant le néo-classicisme –, incapables d’exprimer une idée, elles
se réduisirent à une simple enveloppe (souvent à un masque) de perfection formelle.
Si la sexualité est ainsi sublimée dans l’art grec, on peut se demander s’il
y a lieu de parler d’érotisme à son sujet. Peut-on parler d’érotisme à propos
des processions de satyres ithyphalliques peintes sur les vases archaïques déposés
dans les tombeaux, si l’on sait que ces images étaient censées favoriser la
fertilité de la terre, du bétail et la palingénésie ? Cette même idée faisait
placer dans les champs, aux carrefours et dans les maisons des termes de l’Hermès
arcadien avec indication plastique du phallus. La fonction d’éloigner le mauvais
œil, propre au phallus, n’a rien d’érotique, pas plus qu’un autre objet qui
avait le même but, l’œil apotropaïque. Les guides mal informés disent qu’il
faut voir une vantardise du propriétaire dans une peinture du vestibule de la
maison des Vettii à Pompéi : un Priape qui pèse sur une balance son énorme phallus.
Il n’en est rien : le phallus était comparé pour sa fonction fécondatrice aux
fruits, aux céréales et aux légumes qu’on vend au poids au marché. L’influence
hellénistique se fit fortement sentir dans le monde romain, les scènes d’accouplement
dans le Lupanar de Pompéi en sont un corollaire.
L'histoire du "cabinet secret"
du musée de Naples. Lorsqu'au milieu du XVIIIe
siècle on entama les fouilles d'Herculanum et de Pompéi, on y
découvrit des oeuvres sans commune mesure avec l'idée idéalisée
que l'on se faisait de l'Antiquité. Mosaïques érotiques,
fresques pornographiques, objets de toutes sortes à motif phallique...
furent donc mis à l'index dans une pièce cadenassée par
trois serrures. Précaution insuffisante pour l'une de ces oeuvres : un
marbre de Pan faisant l'amour à une chèvre, les yeux dans les
yeux, fut en plus cloué dans une solide caisse en bois sur ordre de Charles
III, roi de Naples. En fonction du contexte politique plus ou moins conservateur,
ce "cabinet secret" fut totalement interdit aux visites (et même
muré pendant trois ans), ou ouvert sur autorisation spéciale à
quelques érudits et visiteurs de marque. il a été ouvert
au public en 1976 pour une brève période, puis fermé pour
restauration, et a rouvert au printemps 2000. Sa visite reste interdite aux
mineurs non accompagnés.
visite du "cabinet secret" :
Titinabulum : objet que l'on pend au dessus des portes et qui s'agite avec le vent ou la porte pour conjurer le mauvais sort. |
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La sexualité religieuse
est manifeste en certains détails des grandes fresques de la villa des Mystères
à Pompéi. Il s’agit d’un rite, les « épousailles » (hieros gamos) d’une mortelle
avec le dieu : l’union s’effectue symboliquement par le dévoilement d’un crible
d’où surgit le phallus. Ce rite faisait peut-être partie des mystères de Dionysos.
L'érotisme de nos jour en
Campanie :