POMPÉI, les derniers jours

source Encyclopédie Universalis

1. Le Vésuve, terre des dieux

2. 5 Février 63, tremblement de terre

3. La reconstruction

4. Printemps 64 : NÉRON chante à Naples...

5. la « romanisation »

6. Le Vésuve, un volcan actif endormi

7. août 79, de nouvelles secousses

8. Le 20 août, les choses s'aggravent

9. Le 22 et le 23 août, la nature retrouve son calme

10. Le 24, le vésuve s'ouvre en deux

11. En moins de deux heures, une véritable nuit jaillie des enfers

12. PLINE L'ANCIEN meurt sur le rivage de Stabies

13. L'empereur se montre secourable

14. Les deux villes furent abandonnées, la végétation et la vie renaquirent

1. le Vésuve, terre des dieux : « Le voilà ce Vésuve hier encore couronnée de pampres verdoyants ; le jus de la vigne coulait dans les barriques. Bacchus lui-même préférait ces hauteurs à Nisa, sa ville natale. Il y a quelques années, les satyres y dansaient, Vénus y avait sa résidence... maintenant les flammes ont tout dévasté, la cendre verdâtre les recouvre. Les dieux auraient dû s'opposer à une pareille catastrophe ». C'est en ces termes que, au cours de l'an 88 après J.-C., neuf ans après la catastrophe qui avait enseveli Herculanum et Pompéi sous les cendres et sous la lave, le poète Martial évoque les rivages ruinés du golfe de Naples.

La "Campania felix" , célébrée par les écrivains latins, n'a que peu de rapports avec la Campanie actuelle. C'était pour eux la plaine fertile qui s'étend de Capoue à Nocera, Naples et la zone côtière. Mais la province moderne est bien plus vaste : elle va du Garigliano jusqu'aux Pouilles et englobe les hauteurs de l'Apennin méridional. Elle est l'association administrative de cinq provinces : celles d'Avellino, Salerne, Bénévent, Naples et Caserte.
Mais l'histoire importe plus que les caprices du cadastre. C'est la Campanie traditionnelle qui nous intéresse, et, même en la limitant ainsi, nous nous trouvons en face d'un monde très complexe : tête de pont de la colonisation grecque, elle est devenue, après le passage des Étrusques et des Samnites, l'image du raffinement de la société romaine. Au Moyen Âge, elle est le terrain d'expérience où se mesurent les civilisations de l'Orient et de l'Occident : Byzantins et Lombards, Souabes et Musulmans. Puis ce sont les Normands, les Angevins, les Aragonais, les Espagnols et les Bourbons.

2. 5 Février 63, tremblement de terre : C'est en février 63, que les habitants d'Herculanum et de Pompéi reçurent le premier coup de semonce. En effet le 5 de ce mois, à midi, la terre se mit à trembler. De violentes secousses, se succédant par vagues, bouleversèrent la région qui s'étend entre le Vésuve et la mer. De nombreux édifices s'effondrèrent, et les maisons particulières ne furent pas épargnées. À Pompéi, le bilan était extrêmement lourd : seules quelques demeures avaient été épargnées, et c'est un véritable spectacle de désolation qui s'offrit aux yeux des habitants quand il regagnèrent leur ville.

3. La reconstruction : Des familles abandonnèrent définitivement la ville, mais la plupart des habitants manifestèrent rapidement l'intention de reconstruire leur cité. Dans ce dessein, les autorités sollicitèrent une aide de l'empereur et du sénat romain, aide qui ne leur fut accordée qu'après beaucoup d'hésitations. La reconstruction avança rapidement. Certaines réfections consécutives à des changements de propriétaires firent disparaître de précieux vestiges de la période antérieure. C'est ainsi que le nouvel occupant de la villa des mystères entreprit de faire couvrir les fresques évoquant les mystères dionysiaques par des peintures représentant des architectures plus ou moins fantastiques. Le séisme lui-même fut rapidement oublié ; ces phénomènes étaient fréquents dans le sud de l'Italie et celui-là avait tout simplement été plus violent que les autres.

4. Printemps 64 : Néron chante à Naples... L'empereur Néron, qui l'année même du sinistre avait épousé la belle Poppée, qui était originaire de Pompéi, crut bon de manifester sa sollicitude aux populations si durement éprouvées et, au printemps de l'année 64, décida de mettre à profit les fêtes musicales qui avaient lieu tous les ans à Naples pour chanter sur la scène du théâtre. Au moment où le maître de l'empire s'apprêtait à pénétrer dans l'édifice, celui-ci fut ébranlé par une légère secousse. Dédaignant les conseils de prudence de son entourage, Néron tint à assurer le spectacle promis ce qui lui valut de recevoir les chaleureux applaudissements de l'assistance ; applaudissements mérités, car le théâtre s'écroula, sapé dans ses fondations, à l'issue de la représentation. La secousse ne fut même pas ressentie à Herculanum, dont la population manifesta néanmoins quelques inquiétudes en apprenant la nouvelle.

5. la « romanisation » : Dans l'ensemble de la ville, des fonctionnaires impériaux veillaient à ce que l'on profita de la reconstruction pour renforcer la « romanisation ». La décoration changea : on prit l'habitude de l'accorder à la destination des pièces : les salles de réception furent ornées de scènes mythologiques ; des paysages ou des tableaux rustiques agrémentèrent les atria, les péristyles ou les portiques, qui encadraient de véritables jardins ; des natures mortes furent peintes sur les parois des triclinia, alors que des scènes évoquant les jeux de l'amour enjolivèrent les murs des chambres. La romanisation s'intensifia dans les quinze années qui suivirent le tremblement de terre de 63, car bon nombre d'habitants de la capitale profitèrent du désastre pour acheter à des prix intéressant les maisons endommagées et pour venir s'installer sur les rivages enchanteurs de la Campanie.

6. Le Vésuve, un volcan actif endormi : Le Vésuve, voué à Bacchus en raison des vignes qui s'accrochaient à ses flancs, paraissait parfaitement tranquille et nul ne soupçonnait alors qu'il était un volcan actif, endormi depuis plusieurs milliers d'années. Jusque-là un bouchon de lave solidifiée empêchait toute éruption, mais les fissures engendrées dans le sous-sol par le séisme de 63 avait ouvert un passage aux eaux de ruissellement et même à l'eau de mer. Entrées en contact avec le magma en fusion, toutes ces eaux l'avaient transformé en vapeur, laquelle exerçait une pression croissante à l'intérieur du cône volcanique.

7. août 79, de nouvelles secousses : Au mois d'août 79, de nouvelles secousses se produisirent ; quelques objets se déplacèrent ou tombèrent, et l'on remarqua également que certains puits s'étaient taris. Ces phénomènes n'étaient pas encore très alarmants.

8. Le 20 août, les choses s'aggravent : Le 20 août, les choses s'aggravèrent, et l'on ressentit de violentes secousses, accompagnées de grondements inquiétants, tandis que la mer était anormalement agitée.

9. Le 22 et le 23 août, la nature retrouve son calme : La situation parut s'améliorer le 22 et le 23 : le sol cessa de trembler, et la nature retrouva son calme, un calme assez inquiétant cependant, car s'il n'était plus troublé par certains bruits familiers comme le champ des oiseaux, les chiens, en revanche, faisaient preuve d'une agitation tout à fait anormale, de même que les animaux enfermés dans les étables. La paix de la plaine campanienne était manifestement menacée par un danger inconnu, que les paysans n'arrivaient pas à identifier.

10. Le 24, le vésuve s'ouvre en deux : Dans la matinée du 24, une secousse plus violente que celle des jours précédents ébranla le sol, suivi peu après par une forte détonation qui provenait du Vésuve. Tournés vers la montagne, des habitants constatèrent, interdits, qu'elle semblait s'être scindée en deux à son sommet. D'énormes blocs de rochers étaient projetés dans les airs. Puis, une véritable pluie de pierres, de lapilli est de scories s'abattit sur la ville.

11. En moins de deux heures, une véritable nuit jaillie des enfers : En moins de deux heures, c'est une véritable nuit jaillie des enfers qui voila le ciel, si bleu au début de la matinée. Cette nuit porteuse de mort et de terreur allait durer soixante-douze heures. La panique gagna rapidement la population, totalement surprise par ce cataclysme. Dans un rayon d'une quinzaine de kilomètres les cendres allaient se déposer sur une épaisseur de cinq à sept mètres, noyant littéralement toute une partie de la plaine. A Pompéi, c'est une pluie de pierres et de cendres qui allait engloutir la ville. De nombreux habitants crurent pouvoir trouver le salut en se réfugiant dans les caves, à l'abri des voûtes solides, mais il moururent asphyxiés par les vapeurs toxiques.

12. Pline l'Ancien meurt sur le rivage de Stabies : Gaius Plinus Secundus, chevalier romain né à Côme, fut un auteur remarquablement fécond. En 79, au moment où se produisit l'éruption du Vésuve, Pline se trouvait à Misène, et il voulut se rendre compte par lui-même du désastre – à la fois curiosité de savant et devoir professionnel - pour l'organisation des secours. Mais il mourut sur le rivage de Stabies, sans doute d'une crise cardiaque provoquée par les gaz délétères. Le récit de cette mort nous a été conservé par une lettre de Pline le Jeune à Tacite (VI, 16).

13. L'Empereur se montre secourable : TITUS FLAVIUS VESPASIANUS (39-81) empereur romain (79-81) accéda au pouvoir le 23 juin 79, à l'âge de trente-neuf ans. Son règne fut marqué par des catastrophes : en 79, une éruption du Vésuve détruisit Pompéi et Herculanum ; en 80, Rome dut supporter l'incendie et la peste. Dans tous les cas, l'empereur se montra secourable. Il mourut le 13 septembre 81.

14. Les deux villes furent abandonnées, la végétation et la vie renaquirent : Les deux villes furent abandonnées et l'on se contenta de récupérer les matériaux affleurant encore à la surface du sol. Avec le temps, un sol nouveau se forma, la végétation et la vie renaquirent sur le paysage lunaire né du désastre. L'Italie du sud connut les vicissitudes de l'histoire impériale ; elle n'était plus alors qu'une simple province du vaste monde civilisé qui s'étendait de l'Atlantique à l'Euphrate et de l'Écosse au Sahara. L'ordre byzantin fut finalement établi et la paix régna jusqu'au XIe siècle. Durant tout ce temps, le Vésuve se manifesta à plusieurs reprises : il se produisit environ une éruption par siècle.