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2. 5
Février 63, tremblement de terre : C'est en février 63, que les habitants
d'Herculanum et de Pompéi reçurent le premier coup de semonce. En effet le 5
de ce mois, à midi, la terre se mit à trembler. De violentes secousses, se succédant
par vagues, bouleversèrent la région qui s'étend entre le Vésuve et la mer.
De nombreux édifices s'effondrèrent, et les maisons particulières ne furent
pas épargnées. À Pompéi, le bilan était extrêmement lourd : seules quelques
demeures avaient été épargnées, et c'est un véritable spectacle de désolation
qui s'offrit aux yeux des habitants quand il regagnèrent leur ville.
3.
La reconstruction : Des familles abandonnèrent définitivement
la ville, mais la plupart des habitants manifestèrent rapidement l'intention
de reconstruire leur cité. Dans ce dessein, les autorités sollicitèrent une
aide de l'empereur et du sénat romain, aide qui ne leur fut accordée qu'après
beaucoup d'hésitations. La reconstruction avança rapidement. Certaines réfections
consécutives à des changements de propriétaires firent disparaître de précieux
vestiges de la période antérieure. C'est ainsi que le nouvel occupant de la
villa des mystères entreprit de faire couvrir les fresques évoquant les mystères
dionysiaques par des peintures représentant des architectures plus ou moins
fantastiques. Le séisme lui-même fut rapidement oublié ; ces phénomènes étaient
fréquents dans le sud de l'Italie et celui-là avait tout simplement été plus
violent que les autres.
4.
Printemps 64 : Néron chante à Naples... L'empereur
Néron, qui l'année même du sinistre avait épousé la belle Poppée, qui était
originaire de Pompéi, crut bon de manifester sa sollicitude aux populations
si durement éprouvées et, au printemps de l'année 64, décida de mettre à profit
les fêtes musicales qui avaient lieu tous les ans à Naples pour chanter sur
la scène du théâtre. Au moment où le maître de l'empire s'apprêtait à pénétrer
dans l'édifice, celui-ci fut ébranlé par une légère secousse. Dédaignant les
conseils de prudence de son entourage, Néron tint à assurer le spectacle promis
ce qui lui valut de recevoir les chaleureux applaudissements de l'assistance
; applaudissements mérités, car le théâtre s'écroula, sapé dans ses fondations,
à l'issue de la représentation. La secousse ne fut même pas ressentie à Herculanum,
dont la population manifesta néanmoins quelques inquiétudes en apprenant la
nouvelle.
5. la
« romanisation » : Dans l'ensemble de la ville, des fonctionnaires impériaux
veillaient à ce que l'on profita de la reconstruction pour renforcer la « romanisation
». La décoration changea : on prit l'habitude de l'accorder à la destination
des pièces : les salles de réception furent ornées de scènes mythologiques ;
des paysages ou des tableaux rustiques agrémentèrent les atria, les péristyles
ou les portiques, qui encadraient de véritables jardins ; des natures mortes
furent peintes sur les parois des triclinia, alors que des scènes évoquant les
jeux de l'amour enjolivèrent les murs des chambres. La romanisation s'intensifia
dans les quinze années qui suivirent le tremblement de terre de 63, car bon
nombre d'habitants de la capitale profitèrent du désastre pour acheter à des
prix intéressant les maisons endommagées et pour venir s'installer sur les rivages
enchanteurs de la Campanie.
6.
Le Vésuve, un volcan actif endormi : Le Vésuve, voué à Bacchus en raison
des vignes qui s'accrochaient à ses flancs, paraissait parfaitement tranquille
et nul ne soupçonnait alors qu'il était un volcan actif, endormi depuis plusieurs
milliers d'années. Jusque-là un bouchon de lave solidifiée empêchait toute éruption,
mais les fissures engendrées dans le sous-sol par le séisme de 63 avait ouvert
un passage aux eaux de ruissellement et même à l'eau de mer. Entrées en contact
avec le magma en fusion, toutes ces eaux l'avaient transformé en vapeur, laquelle
exerçait une pression croissante à l'intérieur du cône volcanique.
7. août
79, de nouvelles secousses : Au mois d'août 79, de nouvelles secousses
se produisirent ; quelques objets se déplacèrent ou tombèrent, et l'on remarqua
également que certains puits s'étaient taris. Ces phénomènes n'étaient pas encore
très alarmants.
8. Le
20 août, les choses s'aggravent : Le 20 août, les choses s'aggravèrent,
et l'on ressentit de violentes secousses, accompagnées de grondements inquiétants,
tandis que la mer était anormalement agitée.
9. Le
22 et le 23 août, la nature retrouve son calme : La situation parut s'améliorer
le 22 et le 23 : le sol cessa de trembler, et la nature retrouva son calme,
un calme assez inquiétant cependant, car s'il n'était plus troublé par certains
bruits familiers comme le champ des oiseaux, les chiens, en revanche, faisaient
preuve d'une agitation tout à fait anormale, de même que les animaux enfermés
dans les étables. La paix de la plaine campanienne était manifestement menacée
par un danger inconnu, que les paysans n'arrivaient pas à identifier.
10.
Le 24, le vésuve s'ouvre en deux : Dans la matinée du 24, une secousse
plus violente que celle des jours précédents ébranla le sol, suivi peu après
par une forte détonation qui provenait du Vésuve. Tournés vers la montagne,
des habitants constatèrent, interdits, qu'elle semblait s'être scindée en deux
à son sommet. D'énormes blocs de rochers étaient projetés dans les airs. Puis,
une véritable pluie de pierres, de lapilli est de scories s'abattit sur la ville.
11. En
moins de deux heures, une véritable nuit jaillie des enfers : En moins
de deux heures, c'est une véritable nuit jaillie des enfers qui voila le ciel,
si bleu au début de la matinée. Cette nuit porteuse de mort et de terreur allait
durer soixante-douze heures. La panique gagna rapidement la population, totalement
surprise par ce cataclysme. Dans un rayon d'une quinzaine de kilomètres les
cendres allaient se déposer sur une épaisseur de cinq à sept mètres, noyant
littéralement toute une partie de la plaine. A Pompéi, c'est une pluie de pierres
et de cendres qui allait engloutir la ville. De nombreux habitants crurent pouvoir
trouver le salut en se réfugiant dans les caves, à l'abri des voûtes solides,
mais il moururent asphyxiés par les vapeurs toxiques.
12.
Pline l'Ancien meurt sur le rivage de Stabies :
Gaius Plinus Secundus, chevalier romain né à Côme, fut un auteur remarquablement
fécond. En 79, au moment où se produisit l'éruption du Vésuve, Pline se trouvait
à Misène, et il voulut se rendre compte par lui-même du désastre – à la fois
curiosité de savant et devoir professionnel - pour l'organisation des secours.
Mais il mourut sur le rivage de Stabies, sans doute d'une crise cardiaque provoquée
par les gaz délétères. Le récit de cette mort nous a été conservé par une lettre
de Pline le Jeune à Tacite (VI, 16).
13.
L'Empereur se montre secourable : TITUS FLAVIUS VESPASIANUS (39-81) empereur
romain (79-81) accéda au pouvoir le 23 juin 79, à l'âge de trente-neuf ans.
Son règne fut marqué par des catastrophes : en 79, une éruption du Vésuve détruisit
Pompéi et Herculanum ; en 80, Rome dut supporter l'incendie et la peste. Dans
tous les cas, l'empereur se montra secourable. Il mourut le 13 septembre 81.
14.
Les deux villes furent abandonnées, la végétation et
la vie renaquirent : Les deux villes furent abandonnées et l'on se contenta
de récupérer les matériaux affleurant encore à la surface du sol. Avec le temps,
un sol nouveau se forma, la végétation et la vie renaquirent sur le paysage
lunaire né du désastre. L'Italie du sud connut les vicissitudes de l'histoire
impériale ; elle n'était plus alors qu'une simple province du vaste monde civilisé
qui s'étendait de l'Atlantique à l'Euphrate et de l'Écosse au Sahara. L'ordre
byzantin fut finalement établi et la paix régna jusqu'au XIe siècle. Durant
tout ce temps, le Vésuve se manifesta à plusieurs reprises : il se produisit
environ une éruption par siècle.