POMPÉI AU TRAVAIL

 

Le monde agricole

Le monde de l'industrie

Le monde du commerce

 

Le monde des services

Les Pompéiens au travail

Le monde agricole

La Campanie est un paradis agricole. De grandes propriétés (villae rusticae) s'étendent sur les pentes du Vésuve, où entre les rangs de vignes et d'oliviers, poussent céréales, légumes et fourrage.

Le vin : Les vins ne sont pas d'une très grande qualité. Pline écrit qu'ils apportaient des maux de tête jusqu'à la sixième heure du matin. La gamme est cependant très variée : vins aromatisés (à la myrrhe, à la cannelle, au safran), vins médicinaux (mélange de vin et de miel) sont des exemples de cette diversité. La vigne exige une très grande main d'œuvre notamment lors de la récolte. Cette main d'œuvre est constituée d'esclaves et de journaliers libres, encadrés par des conducteurs de travaux.

Villa avec ses dolia contenant du vin.


Reconstitution d'un pressoir à vin fonctionnant selon le principe du levier.

 

L'huile

Dans les amphores pompéiennes, ont été retrouvées des olives. Dix villas sur les trente et unes recensées produisaient de l 'huile. Cette production est semblable à celle du vin. Une meule dénoyaute les olives qui sont ensuite pressées. L'huile est alors conservée dans des dolia. Cette culture exige une main d'œuvre nombreuse notamment lors de la taille des arbres, du gaulage, des fruits, du ramassage et du pressage.

Les céréales

La propriété idéale fait une place aux céréales, à la vigne, aux pâturages et aux olivaies. A Pompéi, ont été retrouvées des amphores remplies de farine et d'épeautre. Cette culture exige un personnel important pour les labours, les semailles, les moissons, le battage et l'engrangement.

L'élevage

L'élevage constitue une source d'alimentation, de force de travail et de matière première.

Les bovins et les équidés sont presque essentiellement élevés pour leur force de travail. Le porc est le principal animal de boucherie ; son élevage se fait en dehors de la ville. Les ovins (moutons et chèvres) sont surtout élevés pour leur laine et le lait, tandis que la volaille est destinée à la production d'œufs.

Les animaux domestiques les plus répandus sont les chiens. Ils sont destinés à la garde et à la chasse.

Les cultures maraîchères

La ville exige pour son ravitaillement une véritable banlieue maraîchère: les jardins pompéiens. Cette production est le fait de petits propriétaires qui travaillent eux-mêmes leurs terroirs et apportent leur production au marché (choux, oignons, bettes, fèves, pois chiches, noisettes, amandes, pêches, figues, grenades, pommes, poires...).

 

Le monde de l'industrie

Les industries alimentaires

Le pain

Les meules servent à écraser le grain. Elles sont actionnées à l'aide d'un bras de bois par des esclaves ou entraînées par un âne ou un cheval conduits par un esclave.

A la farine, on ajoute du levain pour que la pâte puisse fermenter , puis de l'eau et du sel. Le pétrissage se fait manuellement dans un pétrin de bois ou dans des machines à pétrir à traction humaine ou animale. Après l'avoir façonné, on cuit le pain dans un furnus. Dans les usines à pain, ce sont les esclaves qui travaillent aux différentes étapes de la fabrication.

Boulangerie de Vicolo Torto.
Le garum

Ce condiment d'origine orientale est réservé à la table des riches. Produit par macération au soleil de certains poissons dans une saumure concentrée en sel marin, il sert à assaisonner certains plats.

Les industries textiles

L'élevage du mouton fournit à l'industrie textile une indispensable matière première. Les races sont sélectionnées pour en améliorer la toison. Les fibres d'origine végétale proviennent de la culture de plantes ou de la végétation sauvage locale (lin, chanvre, genêt...). La laine est lavée pour être dégraissée puis séchée et peignée(le cardage). Elle est ensuite confiée au fuseau des fileuses. Les fils, teints de couleurs vives, sont disposés sur un métier horizontal ou vertical pour être tissés.

Maquette d'un métier à tisser vertical. Les substances colorantes proviennent de racines (la garance qui donne la couleur rouge), d'herbes (la roquette qui donne la couleur jaune), de feuilles, de fleurs (la violette), de la poudre de safran et de coquillages (le murex). Les tissus sont ensuite foulés aux pieds. Le foulage est indispensable à l'apprêt des étoffes. Il s'agit de les laver dans de l'eau et de la soude. Les tissus sont ensuite battus, rincés, séchés puis cardés et soufrés, prêts pour la vente. Ces étoffes servent à confectionner toges et tuniques. Des ateliers sont spécialisés dans la remise en état des vêtements usagés.

 

L'industrie des métaux

L'Empire possède de nombreux gisements (Espagne, Macédoine, Asie Mineure,...), où sont extraits huit métaux : or, argent, cuivre, plomb, étain, zinc, fer et mercure.

Le travail du minerai se déroule le plus souvent à proximité des gisements. Il s'agit d'ateliers plus ou moins spécialisés (forges, fonderies, ateliers d'orfèvrerie...). Les métaux sont indispensables dans presque tous les secteurs de la vie publique et privée (dans la cuisine : casseroles, louches, brocs, entonnoirs, passoires ... ; dans les cultures : charrues, faux...). Certains ouvriers se consacrent à la fabrication d'instruments de précision ( outils d'architectes, instruments chirurgicaux, balances, instruments de mesure, clés et serrures).

Vase en bronze

Passoire

Etui avec instruments chirurgicaux

Cuillères

 

L'industrie de la céramique

Elle est aux mains de familles d'affranchis. De ces ateliers sortent dolia, amphores, tuiles, vaisselle...

 

Le monde du commerce

Le commerce maritime

Le commerce fonctionne à plein, car les propriétaires pompéiens exportent leurs produits (vin, tuiles, laine...), tandis que les ceux d'outre-mer arrivent jusqu'au Sarno (vins de Sicile, d'Italie et d'Orient). Grâce à son port, Pompéi est qualifiée d'emporion (entrepôt), servant de débouché aux trois centres de l'intérieur: Nole, Nocéra et Acena. Un faubourg maritime regroupe les maisons des armateurs. Toute une bourgeoisie vit de ce commerce. Le vin est la source principale de leur richesse.

Le marché de Pouzzoles

1.portique

2.colonnade

3.boutique

4.marché de la viande et du poisson

Le plan du macellum:

5.chapelle

6.salle à manger

7.tholos

8.parc à moutons

Au centre de la cour rectangulaire, sous le tholos, se vendent le poisson et les coquillages. Autour de cette cour, s'organisent les boutiques. Les marchands disposent de comptoirs déterminés, pour lesquels ils paient une taxe (mercatus). Après le tremblement de terre de 62 et les lenteurs de la reconstruction, les marchands se tiennent sur les places publiques et sur les trottoirs, contre le paiement d'une taxe. Un règlement municipal fixe au samedi le jour de grand marché.

Les colporteurs

Nombreux petits marchés quotidiens rassemblent des colporteurs (marchands de chaussures, de tissus, de vaisselle, de cuisine à emporter...). Ces marchés assurent le ravitaillement de la ville par les campagnards.

Les boutiques

Les boutiques donnent sur la rue. Le propriétaire vend lui- même ou fait vendre par un esclave ou un affranchi des produits de sa villa.

Une tabernae (une boutique)
Tabernae du boulanger
Les boutiques peuvent être louées à un marchand. Elles peuvent être complétées par une arrière-boutique ou par un entresol. Les boutiques sont variées:marchands de vin, de céramique, de vaisselle, boulangers, quincailliers (instruments de fer et de bronze), bijoutiers, barbiers (taille et parure de la chevelure, soins de la barbe), thermopolium (cabarets où sont servis boissons et plats chauds et où sont louées des chambres), hospitium (auberge).

 

Le monde des services

Il réunit les marchands (revendeurs, boutiquiers, colporteurs...), les publicistes, les médecins, les peintres,les musiciens, les maîtres d'école et les banquiers.

Les banquiers

Des tablettes ont été retrouvées dans la maison du banquier Lucius Caecilius Jucundus. Il s'agit de reçus de la période 52-62. En tant que banquier, il avance des capitaux à des négociants et perçoit un droit de courtage sur les sommes avancées. Les transactions s'échelonnent de 342 à 38079 sesterces, ce qui dénote une échelle des fortunes plus que raisonnables.

Les maîtres d'école

Dans les familles aristocratiques, il est de bon ton de confier l'enfant à une nourrice ou à un pédagogue grec. La première langue du petit pompéien est donc le grec. Il est bilingue par la force des choses. L'école se fait par un précurseur sous le portique du forum et de la grande palestre. Les installations scolaires sont mobiles et provisoires: des bancs pour les élèves et un siège pour le maître. On apprend à lire et à écrire dans les deux langues. Des punitions sanctionnent durement les défaillances.

 

Les Pompéiens au travail

Les brassiers

Ils n'ont que leurs bras pour capital. Il s'agit des esclaves et des travailleurs libres.

esclaves

dans la familia urbana : les moins doués assurent les services domestiques. Ils travaillent dans les usines à pain, à garum, dans les teintureries, dans les tanneries... Une certaine confiance mutuelle s'établit entre patron et esclave. Il participe à la dignité de son maître. Leur dévouement est d'autant plus grand que son ambition trouve son compte. Il y a, dans les maisons riches, toute une hiérarchie de postes à pourvoir. Le banquier lui-même est aidé par des esclaves compétents qui jouent un rôle d'employés de banque. Les plus intelligents et les plus ambitieux reçoivent une instruction leur permettant de gérer la fortune de leur maître. Ils peuvent être affranchis. Les enfants des anciens esclaves peuvent ainsi accéder aux rangs de la bourgeoisie. Dans ces conditions, on comprend qu'ils supportent aisément l'oppression économique et leurs conditions juridiques mineures. Cependant, ceci ne doit pas faire oublier la condition pitoyable du plus grand nombre.

dans la familia rustica : ici leur sort est très différent. Ils assurent le travail des champs ( culture de la vigne, labours, moisson, fenaison...) sous la surveillance de l'intendant et du contre-maître, qui n'hésitent pas à les mettre aux fers.

Les travailleurs libres

Ils fournissent une main d'œuvre d'appoint au moment des récoltes. Leur situation précaire leur interdit tout espoir d'amélioration. L'esclave a plus de chance d'ascension sociale que l'homme qui appartient à la plèbe.

Les sans-emplois

Ils sont rares. Il y a toujours du travail à Pompéi, du moins du travail saisonnier (fenaison, moisson, vendanges...), surtout après les tremblements de terre. En effet, la reconstruction assure le plein emploi. Les rares mendiants vivent de la charité publique. A Pompéi, les aveugles, les mutilés... ne meurent pas de faim.

Pompéi, malgré les différences sociales, ne connaît pas la lutte des classes. Affranchis et esclaves participent à la richesse de leurs patrons.